Parallax scrolling : la face cachée du storytelling

Pour ceux qui n’auraient pas mis le nez sur Internet depuis deux ans, le triptyque « scrolling », « parallax » et « storytelling » constitue l’une des pierres angulaires d’un nombre grandissant de sites éditoriaux. Avant toute chose, prenons le temps de définir chaque terme.

Scrolling

Le « Scrolling » désigne l’action de la molette de la souris, qui permet de descendre facilement l’ascenseur de votre page. Cette fonction permet donc de concevoir des pages à la verticale, que l’on consultera par une action sur la molette. Ou, sur tablette et mobile, par un glissement de la page vers le haut.

Effet Parallax

L’effet Parallax est un effet visuel obtenu lorsque le défilement de l’arrière plan (généralement une image), ne s’effectue pas à la même vitesse que celui du premier plan (généralement du texte). Il peut donc générer des effets simplement visuels, très esthétiques, mais également aboutir à un processus de navigation, avec des éléments nouveaux qui apparaissent sur une infographie, par exemple, à mesure que l’on descend dans la page. L’effet Parallax peut être obtenu en déplaçant la souris sur l’écran, ou en inclinant la tablette dans le cas d’une navigation mobile. Lorsqu’il découle du scroll de la molette de la souris, on parle alors de « Parallax scrolling », sujet qui nous intéresse ici.

Storytelling

Le storytelling constitue une technique de narration (que l’on pourrait traduire par « l’art de raconter une histoire »), issue du webmarketing et de la publicité. Elle a depuis été largement récupérée par les éditeurs de médias, de blog, et par les auteurs de webdocumentaires et a conquis ses lettres de noblesse grâce, notamment, à l’expérience visuelle procurée par les deux techniques pré-citées.

Ergonomie et navigation

De nombreux sites, et issus notamment des médias, ont érigé cette manière de concevoir les pages web à un niveau inconnu jusqu’à présent. On citera notamment le célèbre « Snow Fall », un récit publié par le New York Times le 20 décembre 2012, qui met en scène le récit d’une avalanche dans les Rocheuses. Ce webdocumentaire intègre des éléments de cartographie 3D, des interviews vidéos des protagonistes de l’histoire et des animations 3D sonores de l’avalanche. Tous le talent des concepteurs de Snow Fall aura été d’imaginer, par le biais de ces différentes techniques, à concevoir une navigation intuitive et ergonomique, propre à susciter l’envie du lecteur, à chaque instant, de poursuivre sa navigation. Fruit d’une enquête fouillée et complète, Snow Fall n’en demeure pas moins une expérience ludique.

Partout, depuis, on a vu fleurir des « Snow Fall like », tout du moins des formats longs mettant en scène l’information par le biais de bibliothèque Javascript du type Parallax (d’autres bibliothèque créatives existent, pour peu que l’on ait le temps, l’argent et l’imagination pour en générer des applications éditoriales). L’un des exemples les plus marquants pour les médias francophones nous est donné par l’Équipe, qui a créé sur ce format sa rubrique Explore, que je vous recommande.

La fin du diktat du haut de page

Outre l’aspect très visuel, les pages réalisées selon ce concept sont également à l’origine de plusieurs autres nouvelles très encourageantes :

Le retour du long

Le storytelling est une ode aux longs récits, à l’exact opposé des pages optimisées pour le référencement de Google (1500 caractères, un maximum de mots-clés en début de texte, une primo importance accordée au haut « visible » de la page, etc). Développée conjointement pour une lecture sur ordinateur de bureau, tablette et mobile (on parle de responsive design), ces formats longs marquent l’avènement d’un retour au contenu. Ce sont des récits, que l’on lit, réellement, éventuellement en plusieurs fois, comme jadis les magazines.

Durée de vie

La durée de vie de ce type de récit est infiniment supérieure aux « news » dont nous abreuvent les blogs de voyage, notamment (bien souvent des communiqués de presse réécrits). Des pages qui se rattachent à la « longue traîne », traduction un peu hasardeuse de la « long train » du jargon des « web analytists ». Autrement dit des pages moins visibles que les news d’un site, mais qui représentent malgré tout, de part leur contenu important et leur durée de vie plus longue, une part importante de l’audience.
Long tail

La longue traîne, représentée en jaune sur ce schéma.

 

Une ode à la créativité

Ce nouveau format est un appel à la créativité des auteurs. Il est déjà largement utilisé comme un traitement magazine par plusieurs grands médias, comme l’Équipe, qui a créé sur ce format sa rubrique Explore, que je vous recommande.

L'Equipe / Explore

Un vrai format multimédia

C’est certainement à ce jour le format le plus efficace pour l’intégration multimédia : textes longs, encadrés, images ou diaporamas, intégration de vidéos, fonds d’écrans animé, datavisualisation, etc. Pour ma part, je l’ai utilisé dans plusieurs projets pour le site de Trek Magazine, classés dans la rubrique Webdocs.